Au coeur de Saint-Germain-des-Près, au numéro cinq de la rue Jacques Callot, se niche la dynamique Galerie Samantha Sellem qui expose actuellement, et jusqu’au 30 octobre, une sélection d’oeuvres de deux artistes yougoslaves amoureux du dessin dont la réputation n’est plus à justifier : Miodrag Djuric «Dado» (1933-2010) et Vladimir Velickovic (né en 1935).
Les dessins sont liés par une chronologie définie (1960-1980), par l’amour du trait, par la représentation du corps et peut-être caractérisés par une violence certaine . Itzhak Goldberg, auteur du catalogue, parle de la violence des images pour le premier et d’images de la violence pour le deuxième. Cet ensemble tente de cerner, sur base de la collection de la galeriste, les thèmes et les caractéristiques majeurs des deux artistes à cette période précise.
Vladimir Velickovic – Naissance (1973)
Dans un souci de haute précision Velickovic représente le corps, sa chute, son supplice et ses enchevêtrements. Son pinceau tel un scalpel dresse ce que la peau permet de cacher, les organes (sexuels et autres), les viscères. Les animaux ne sont pas oubliés : chiens, rats et oiseaux sont toujours plus inquiétants. Le mouvement se présente en référence aux travaux de Muybridge. A la différence de Dado dont le mouvement est plutôt fragmenté et figé, celui de Velickovic est expansif. L’artiste, afin de dominer le trait, a choisi d’utiliser exclusivement l’encre qu’il considère comme noble et forcément noire. Une encre apposée grâce à la plume, au porte-plume ou encore au pinceau oubliant le crayon et le pastel.
Dado, arrivé en France en 1956, nous transmet des dessins qui, s’ils sont certes colorés, laissent pourtant transpirer un silence angoissant. L’espace de représentation, mêlant force et monstruosité, est imaginaire alors que celui de Velickovic est plus proche d’un réel connu. Un monde sombre et sourd composé de saynètes irréelles, menaçantes et étouffantes. Deux écritures proches et éloignées à la fois qui méritent de se confronter le temps d’une exposition.
Dado – Taxidermie, recto (1976)
L’exposition n’est pas grande mais mérite d’être parcourue et peut-être vue comme un échantillon qui encouragerait le spectateur novice à prolonger la découverte de ces deux artistes à la puissance d’évocation forte. Quant aux autres, ils se délecteront à la redécouverte de ces dessins. Soulignons aussi qu’un catalogue vient compléter l’exposition.
Dado – Histoire naturelle (1970-1980)
Dado – Coléoptère de Colombie (1982)
Dado – Histoire naturelle (1981)
Vladimir Velickovic – Cri (1982)
Vladimir Velickovic – Mouvement (1985)
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