Anastassia Elias peint de magnifiques portraits. Néanmoins, cette artiste parisienne s’est vue plébiscitée pour un tout autre labeur. Collages minutieux dans le creux d’un… rouleau de papier toilette, elle y développe des scènes de vie, enfantines mais poétiques, aux noms évocateurs. Parfum de beau temps, Odeur de gaz…, Parfum d’impatience, Odeur de peinture,… Entre appel olfactif et matériau sanitaire, se ravive à nos mémoires un peu de prose baudelairienne.
Le flacon et le chien
« – Mon beau chien, mon bon chien, mon cher toutou, approchez et venez respirer un excellent parfum acheté chez le meilleur parfumeur de la ville. » Et le chien, en frétillant de la queue, ce qui est, je crois, chez ces pauvres êtres, le signe correspondant du rire et du sourire, s’approche et pose curieusement son nez humide sur le flacon débouché; puis, reculant soudainement avec effroi, il aboie contre moi, en manière de reproche.
« – Ah! misérable chien, si je vous avais offert un paquet d’excréments, vous l’auriez flairé avec délices et peut-être dévoré. Ainsi, vous-même, indigne compagnon de ma triste vie, vous ressemblez au public, à qui il ne faut jamais présenter des parfums délicats qui l’exaspèrent, mais des ordures soigneusement choisies. »
Charles Baudelaire
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