Considéré comme le plus grand, tant pour son travail dans la mode que pour ses portraits ou ses natures mortes, Irving Penn est un photographe américain né en 1917 et mort en octobre 2009. Ses études de design achevées, il travaille comme graphiste au Pennsylvania Museum School of Industrial Art, avant de s’installer en 1938, à son compte dans la ville de New-York. En 1943, le magazine Vogue lui offre sa première couverture. il en réalisera 160 en 5 ans. C’est aussi le magazine Vogue qui publiera les premiers clichés de sa série documentaliste « Les Petits Métiers », avant leur édition dans un livre. Pressentant la disparition imminente de l’artisanat, Irving Penn entame à Paris, parallèlement à sa mission modiste, un travail de recensement des codes visuels et représentatifs des différentes strates du prolétariat. Du pompier à la cantatrice, en passant par le boucher ou le ramoneur, il en immortalise l’outillage, les tenues, les postures. Il poursuivra cette recherche à Londres et New-York.
Photographe perfectionniste, Irving Penn vise l’immortalité et méprise l’éphémère. Il travaille donc exclusivement en studio où il peut réaliser plusieurs prises de vue, mais aussi recommencer autant de fois que cela s’avère nécessaire la mise au point de techniques de sublimation de ses modèles (recherche sur les textures, les contrastes, les aplats, …). Il acquiert et perfectionne par exemple le procédé de tirage au platine qui, par opposition aux tirages gélatino-argentiques rugueux, lisse ses épreuves pour un résultat esthétisé et particulièrement expressif. « J’étais un jeune homme sans connaissance du style, mais je savais quand une image avait des tripes. » La personnalité du modèle revêt à ses yeux une importance primordiale. Se concentrer sur le caractère du sujet pour l’amener à l’évidence visuelle lui permet d’ailleurs de transformer la simple photo de mode en portrait. Et, à nouveau, le travail en studio autorise cette recherche. « Eloigner les modèles de leur environnement naturel, et les installer dans un studio face à l’objectif n’avait pas seulement pour but de les isoler, cela les transformait. » De sa série « Les Petits Métiers », Irving Penn se plaisait à constater que selon les origines nationales, les comportements des mannequins différaient. L’artisan parisien, par opposition à la fierté du londonien, semblait poser avec méfiance tandis que les américains souvent endimanchés et fraîchement rasés, s’offraient généreusement avec une propension certaine pour la mise en scène holywoodienne.
Jeux de lumières, décors, accessoires ou postures, Irving Penn axe tout sur l’individu, l’humain, et ce qui sert l’expression de sa personne, pour le montrer au spectateur dans son essence la plus intime. En dehors de la beauté de ses clichés, la démarche artistique et intellectuelle d’Irving Penn mérite mémoire et honneurs. Surtout de nos jours, où le regard, professionnel ou publique, s’obsède pour les visuels aguicheurs, sériels, impropres et impersonnels.
Truman Capote (1965)
James Van Der Zee (1983)
Barnett Newman (1966)
Alfred Hitchcock (1947)
Pablo Picasso
Salvador Dali (1947)
Claude Lévi-Strauss
Miles Davis
Ingmar Bergman
Jean Cocteau (1950)
Igor Stravinsky (1948)
Yves Saint-Laurent
Marcel Duchamp
Woody Allen (1972)
Les Petits Métiers
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