Dave White, bonjour. Vous êtes un peintre anglais. Vous êtes né en 1971 à Liverpool où vous résidez actuellement. Vous êtes diplômé de la John Moore University en Fine Art Painting. Vous avez donc étudié dans l’ancien studio de John Lennon. Jeune, vous êtes repéré pour votre collection « Animals and Other Thingies ». Vous vous êtes fait connaître avec votre « Sneaker Art Series », vous avez également réalisé une « Superheroes & Vilains Serie », et vous avez récemment collaboré avec Art Toy en customisant le Kid Robot. Vous venez d’achever une fresque au AOL Headquarter de New-York, le Rodeo Rider. Enfin, vous avez exposé aux quatre coins du globe.
La première question qui me vient à l’esprit, quand je regarde votre travail est la suivante: Les baskets, les cheeseburgers, les comics, les armes sont des objets sur-médiatisés dans notre société. Pourquoi avez-vous choisi ces sujets pour votre peinture?
Tous les sujets que je traite sont des choses avec lesquelles j’ai une connexion profonde que ce soit par la forme ou l’enveloppe. La plupart sont des objets que j’ai découvert enfant et avec lesquelles j’ai un lien fort, ou que j’apprécie juste pour leur esthétique et leur design.
Comment vous détachez-vous de leur représentation habituelle? Où trouvez-vous l’inspiration pour vous approprier ces icônes populaires?
Je ne peux pas vraiment expliquer cela. Je développe juste une peinture organiquement. J’ai une méthode de travail, bien que des éléments de chance ou de chaos, dus au fait de peindre vite, contrastent avec l’ordre et la structure d’un objet. C’est ce qui produit le résultat auquel je suis associé.
Votre « Sneakers Serie », qui vous a rendu célèbre, est une déclinaison de la basket des année 90′. Comment vous est venue cette idée?
Depuis que je suis enfant je les ai toujours aimées. Leur design et leurs couleurs vibrantes m’ont tapé dans l’oeil comme des sucreries. Je n’ai jamais perdu ce sentiment d’excitation en allant dans un magasin de baskets. J’avais l’habitude d’économiser tout mon argent pour chérir le jour où, gamin, je pourrais m’acheter une nouvelle paire. Les peintures sont arrivées comme un flash d’inspiration. J’étais dans le studio et je ne pouvais détourner mon regard des Air Max 95′ gris/néon. Le design était juste parfait. J’ai donc pris quelques pinceaux et fait une rapide esquisse sur une toile, qui est devenue une peinture. Avant que je ne m’en rende compte, j’avais déjà fait dix images. L’idée était de prendre quelque chose qui était produit en masse dans le but d’être utilisé et détruit lorsque porté, pour en fait célébrer la beauté et le design et lui donner un statut supérieur à sa fonction. Je voulais juste les capturer à ma manière.
Cherchiez-vous à vous faire engager par Nike? (Plaisanterie)
Tout d’abord je suis extrêmement reconnaissant que Nike et la marque Jordan aient apprécié et considéré mon travail sur les baskets, et qu’ils m’aient invité à collaborer. Je n’avais aucune idée en tête, je fais juste des peintures sur des choses que j’aime.Pour couronner le tout, j’ai une relation fantastique avec les deux marques et je continue à globalement travailler sur des projets.
La manière dont vous peignez est très spectaculaire, on peut voir des vidéos sur le web (tubes à même la toile, éclaboussures, coulées,…). Comment décririez-vous votre style? Quelles techniques utilisez-vous et que vous permettent-elles?
La peinture est une expression très personnelle. Comme la plupart des acteurs qui habituellement ne se regardent pas à l’écran, je trouve très étrange de voir ce que je fais et comment je le fais. Mon style a toujours été comme ça. Comme tous les artistes, tu peaufines et développes ton style à travers le temps. Pour moi cela a été comme une journée de 20 ans. Je me suis exercé pendant plus de 12 ans à la peinture classique et j’utilise de la peinture à l’huile sur tous mes travaux sur toile. Mais je suppose que ceux-ci sont dynamiques, explosifs, chaotiques et contrôlés et c’est de ça qu’il s’agit: donner de la vie à quelque chose par la façon dont on applique la peinture. Mes tableaux doivent être vus en chair pour vraiment percevoir leur surface et leur texture.
Dans une autre interview, vous déclariez ne jamais peindre sans musique. La musique influence-t-elle votre manière de peindre et qu’écoutez-vous?
C’est correct. La musique a une place importante dans ma vie. Le Hip Hop classique des années 1992 à 2005 mais aussi la jungle vintage et la drum’n bass. C’est une large partie de ma playlist. Actuellement, j’écoute Netsky, Danny Bird et beaucoup de disques d’Hospital.
Quels artistes ont eu une influence sur vous ou votre travail et pourquoi l’ont-ils eue?
Vincent Van Gogh a eu un effet énorme sur moi. Lire sa correspondance privée avec son frère, Theo, était incroyable. Le mec n’a fait que des peintures de choses qu’il aimait. Il ne se souciait pas des conventions et était juste reconnaissant d’être en vie pour enregistrer sur sa peinture le monde et la beauté qu’il y voyait. Picasso est une autre influence, par ses façons de voir. Mes goûts sont très diversifiés, de Rembrandt à Constable, en passant par Lichtenstein et Murakami. J’aime juste la bonne peinture.
Une partie de votre travail est consacrée au monde militaire (armes, véhicules, balles,…). D’où vous vient cette fascination pour cet univers? Simple esthétique ou volonté de dénonciation?
En tant qu’enfant vous ne concevez pas la mort mais répondez aux objets en fonction de leur design et de leur esthétique. Vous préférez un objet ou pas. J’ai été fasciné, obsédé, intéressé par toutes les formes de matériel militaire depuis que je suis petit. Je n’approuve pas l’usage fait de ces objets, mais défaits du contact humain, les pistolets, les avions, les chars, les missiles ou quoi que ce soit, sont parmi les plus incroyables et beaux design que l’Homme ait fait. Il y a quelque chose d’extrêmement intéressant dans ce qui est designé pour avoir l’air menaçant ou magnifique, quand sa seule fonction est la mort. J’ai exploré ceci avec la série de dessins et de portraits de pistolets. L’Histoire change notre perception. Aujourd’hui, lorsque accroché au mur tel un trophé, un Flintlock est perçu comme un objet de goût, de réussite, de culture et de savoir, tandis qu’un Uzi est vu comme une arme de mort maniée par des dealers de drogue et des gang bangers. Le temps est la différence, l’essence de l’objet reste la même. Je cherche à approfondir cette notion dans le futur.
Vous avez participé au « Danger Global Project » pour Greenpeace où vous avez réalisé « We come in peace. Do we f$k! », qui représente un tank. Pourquoi ce titre et ce sujet? Doit-on y voir un engagement?
Cette pièce portait sur ce qui était appelé libération d’Irak, genre « Nous sommes là pour aider! » La guerre, le nombre de morts civiles et les violations des droits de l’Homme ne sont rien de moins qu’un massacre. Je voulais produire quelque chose de sarcastique en contrastant l’image bizarre d’un tank avec des coeurs d’amour.
Vous avez participé à un autre projet au AOL Headquarter de New-York, où vous avez peint le « Rodéo Rider ». Vous avez déclaré dans une interview, que c’était un tournant dans votre carrière. Pouvez-vous nous dire pourquoi?
La fresque du « Rodeo Rider » répond à un goût qui devait arriver. Je m’intéresse beaucoup à cette iconographie, au mouvement, au dynamisme et au thème du Farwest américain. C’est quelque chose que j’explore actuellement. J’y consacre une toute nouvelle collection.
Nous apprécions vraiment ce que vous faites. Nous vous souhaitons le meilleur. Alors, avant de nous quitter, pouvez-vous nous parler de vos projets à venir?
2011 est une année spéciale. Je fête les vingt ans de ma première exposition, ma chaussure Jordan sort ce qui va surprendre tout le monde. Et j’ai quelques projets très excitants . Je suis honoré et ravi d’en faire partie. Je suis très reconnaissant pour toutes ces chances qui croisent mon chemin.
Merci à vous, à vos lecteurs et bonne année 2011.
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