Bernardi Roig, sculpteur espagnol né à Mallorca en 1965, à l’image de Jérôme Lagarrigue, ramène l’Art à ses fondements. Une démarche d’autant plus importante que la réalité nous a rattrapés. En mettant en scène la représentation d’un Homme face à un néon, il illustre toute la complexité de notre relation, individuelle ou universelle, à la lumière au sens philosophique. Celle que Platon revendiquait par le mythe de la Caverne. La lueur qu’Heidegger poursuivait au travers de la poésie et de l’étude des textes. Celle qu’à une époque plus obscure, le Christ et sa parole symbolisaient.
Que le faisceau soit placé face au modèle, ou que ce dernier le charge tel un fardeau, l’idée véhiculée demeure. Car, la vérité que nous avons traquée pendant des siècles, nous a obsédés, aveuglés mais aussi désespérés au point d’y renoncer. L’Art, dans cette quête, incarnait une méthode. Par l’appel de nos sens, leur stimulation, il tentait de dépasser le point d’affront, de conflit, auquel les mots et la rationalité conduisaient systématiquement. Si nous ne pouvions débattre une essence commune, peut-être pouvions-nous la ressentir.
Ce rôle poétique, avec le temps, s’est désintégré. Sans jugement moral et sociétal, le constat s’oblige. L’Art est aujourd’hui paradoxalement cher et gratuit. Onéreux par sa valeur marchande et accessible par son affranchissement de toute pensée en dehors du nombrilisme freudien. Or, dans un monde en perte de sens, pareil glissement, au même titre que la philosophie, la religion ou la politique, accentue les dérives.
D’où la double dimension de l’oeuvre de Bernardi Roig qui, en traitant de l’essence, de la vérité, en tant que sujet, s’affirme, au final et dans sa globalité, comme vecteur et proposition de directions réflexives. En représentant les peurs et addictions face à la connaissance que nous croyions suffisante que pour l’ignorer, le sculpteur nous rappelle toute notre fragilité et celle de tout ce que nous ne pouvons prétendre qu’hypothèse.
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